- Viviane Monney
- Temps de lecture : 5 min
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Actuellement à Genève, et depuis déjà quelques années, c’est le parcours du combattant pour trouver une place en logopédie, que ce soit pour un premier bilan ou pour un suivi.
Tous les âges et troubles sont concernés, du tout jeune enfant à la personne âgée, des difficultés à entrer dans le langage à sa perte subite ou progressive, à l’oral, à l’écrit, … Or il a été démontré qu’une intervention rapide (et précoce auprès des plus jeunes) est essentielle dans la progression ou la réhabilitation.
Pourquoi ces longs délais ?
Les délais d’attente se sont allongés notamment suite à la mise en place il y a quelques années d’une réglementation plus sévère pour l’installation des logopédistes en cabinet indépendant à Genève. Cela était nécessaire pour prévenir des abus, mais s’est avéré trop sévère, en particulier pour les professionnels qui ont été formés dans les deux filières de logopédie en Suisse Romande.
Par ailleurs, et cela est davantage positif, les troubles du langage et la logopédie sont de mieux en mieux connus, et reconnus. Les professionnels des milieux éducatifs et médicaux notamment adressent plus souvent leurs patients en logopédie. Ces demandes sont pour la plupart pleinement justifiées et des prises en charge se mettent en place, occupant à bon escient des disponibilités de traitement logopédique.
Il faut encore savoir que beaucoup de logopédistes travaillent à temps partiel, ce qui fait que la disponibilité totale n’est pas aussi importante qu’on pourrait le penser en consultant la rubrique « logopédie » dans l’annuaire.
Enfin, du fait du manque de place, les familles sollicitent souvent plusieurs thérapeutes en même temps, et chacun a des pratiques différentes pour gérer les demandes ; par exemple certains tiennent une liste d’attente, d’autres non. Il semble toutefois que chacun finit par trouver une place dans un délai qui peut rester acceptable.
Quelles pistes ont-elles été explorées pour juguler cette longue attente ?
Chacun tente dans un premier temps de donner pistes, conseils et informations par téléphone.
Des initiatives ont été développées par les institutions (ex. groupes d’intervention à l’OMP, consultation ELPE du SPEA/HUG, consultations universitaires Pôle Cité en logopédie et pour le TSA…).
Du côté des logopédistes, un recensement des appels reçus par les logopédistes indépendants est en cours, nous renseignons également les délais d’attente lorsque nous prenons en charge une nouvelle demande, et nous sommes en train de développer une plateforme qui permettra de centraliser les demandes qui, nous l’espérons, permettre à l’attente de se réduire.
Que faire en attendant d’obtenir un rendez-vous ?
Pour le moment, il n’y a pas réellement de meilleure solution que de persévérer dans la recherche de places en logopédie, et d’essayer de reprendre contact après quelques mois en fonction de l’évolution de la situation.
Les institutions (OMP, SPEA) et quelques indépendants tiennent une liste d’attente, et l’association des logopédistes indépendants sur le canton de Genève (CLIGe) relaie régulièrement les demandes qui lui sont communiquées (par les médecins, les logopédistes eux-mêmes, les parents).
Dans l’intervalle, il est possible de recevoir quelques conseils et pistes pour soutenir les enfants et adultes en attente de logopédie
- Informations générales sur la logopédie : ARLD et logopédie.ch ;
- Pour un jeune enfant (0-3 ans) qui peine à entrer dans le langage, suivre les conseils de prévention courants (parler, jouer, lire, éviter les écrans) : brochure de prévention
- Pour des questions concernant l’alimentation et l’oralité, le pédiatre veillera en première ligne à la santé de l’enfant et on peut s’informer sur les sites et liens suivants : FIMATHO – Filière Santé Maladies Rares et ARLD ;
- Pour les enfants d’âge scolaire et l’entrée dans les apprentissages (lecture, orthographe, mathématiques), un contact étroit avec son/ses enseignant.e.s est le premier et le meilleur recours en attendant une consultation spécialisée. Vous pouvez consulter le site de la FNO et le site d’ALLO ORTHO ;
- Pour les adolescents et jeunes adultes, la question est souvent plus ancienne et liée à la mise en place d’aménagements. Il y a un délai officiel au 31 octobre de l’année scolaire en cours, il s’agit donc de préciser la demande lors de vos appels aux thérapeutes. Le recours aux appuis scolaires peut aider dans un premier temps. Consultez le site de Cap Intégration pour de plus amples informations ;
- Le bégaiement reste une relative urgence, qu’il s’agit de mentionner lors de votre prise de contact ; vous pourrez être réorienté vers un professionnel qui est au fait des particularités de ce trouble de la communication : Association Parole Bégaiement ;
- Pour les adultes avec un trouble acquis, vous serez conseillés en milieu médical mais les exigences en matière d’assurance maladie contribuent au manque de disponibilité des professionnels. Souvent toutefois, il y aura un contact en milieu hospitalier avec un.e logopédiste qui pourra informer et conseiller.
- Quelques logopédistes et orthophonistes à l’étranger (Belgique, France, Canada…) présentent sur les réseaux sociaux quelques pistes intéressantes et utiles (ex. Instagram : @latelierdelorthophoniste, Facebook : @Mathilde Favreau Orthophoniste @Caroline Gendreau – Orthophoniste; Internet : infographies chez hoptoys, podcasts loriannelacerte,…).Toutefois, le risque de tomber sur des sites ou des personnes malveillants reste important ; il faut donc rester critique et en aucun cas accepter de payer pour une méthode ou du matériel qui apparaitraient « miraculeux ». Si cela existait, il n’y aurait pas d’attente pour de la logopédie !
En conclusion
Dans tous les cas, malgré la situation de pénurie, le conseil essentiel est de diminuer la pression et les attentes autour du patient et de son entourage.
L’aide d’un professionnel reste indispensable mais en attendant mieux, le langage et les apprentissages ne doivent pas devenir un obstacle à l’échange, à la communication, au plaisir d’être ensemble et d’apprendre.
Logopédiste indépendante
