La logopédie et la profession

Définition

Qu'est-ce que la logopédie ?

Les termes « logopédie » et « orthophonie » désignent la même profession. En Suisse, chaque canton privilégie l’une ou l’autre de ces deux appellations, mais à Genève,  nous parlons communément de logopédie.

La logopédie/orthophonie est une profession de santé visant à prévenir, évaluer, traiter et étudier les difficultés ou troubles de la communication, de la parole, du  langage oral et écrit, des fonctions oro-myo-fonctionnelles, de la cognition numérique/mathématique, et des habiletés cognitives impliquées dans ces différentes activités.

Le vaste champ de compétences de la logopédie vise principalement à développer, restaurer et/ou maintenir les fonctions déficitaires du patient.

Consultation logopédique

La logopédie : pour qui ?

Le logopédiste intervient à tous les âges de la vie.

Il accompagne le nouveau-né, l’enfant et l’adolescent porteur de troubles neurodéveloppementaux (sans condition biomédicale connue) ou de difficultés acquises (épilepsie, AVC, accident domestique, cancer) impactant sa vie quotidienne pour communiquer, s’exprimer, comprendre, lire et écrire, raisonner, calculer et déglutir. Son rôle principal est de restaurer et/ou développer les capacités déficitaires essentielles à un développement cognitif, social et affectif harmonieux et fonctionnel.

Il accompagne l’adulte porteur d’une pathologie neurologique pour lui permettre de recouvrer et restaurer des fonctions altérées suite à une atteinte cérébrale (accident vasculaire, tumeur, traumatisme crânien).

Il accompagne l’adulte ou le sénior atteint d’une pathologie neurodégénérative pour ralentir l’évolution de la maladie, mobiliser les fonctions préservées et maintenir leur efficience le plus longtemps possible.

Consultation logopédique

La logopédie : pourquoi ?

Troubles de la communication
Troubles
de la parole
Troubles du langage
(oral et écrit)
Troubles de
la cognition numérique

Troubles des fonctions
oro-myo-faciales

Communication

Troubles de la communication

La communication est la capacité à entrer en lien, à interagir avec autrui de manière adéquate, à se représenter et utiliser la vision du monde, les connaissances et les états mentaux d’autres individus pour expliquer, prédire et inférer leurs comportements (théorie de l’esprit).

Elle requiert notamment :

  1. la maîtrise des principales « compétences socles »   (regard, pointage, imitation, attention conjointe, tours de rôle) qui constituent des pré-requis à la communication ;
  2. la compréhension du langage non-verbal et paraverbal (intonation, mimiques faciales, gestes).

Lorsqu’un patient éprouve des difficultés dans l’une ou plusieurs de ces compétences, on parle de troubles de la communication sociale, de troubles de la pragmatique ou sémantico-pragmatiques.

Notons que des difficultés de communication peuvent également survenir dans des contextes plus larges, en particulier lorsqu’un patient souffre de difficultés de la fonction auditive, de la voix, de la parole et/ou du langage qui peuvent avoir des répercussions directes sur la participation sociale du patient. On parle alors de troubles de la communication associés à X*.

*Par exemple, un patient atteint de surdité peut éprouver de la difficulté à ajuster adéquatement le volume de sa voix ; un patient atteint de troubles du langage peut s’extraire des interactions verbales parce qu’il se sait inintelligible ; un patient souffrant de bégaiement peut éviter les interactions sociales parce qu’il se sait plus en difficulté lorsqu’il est soumis au regard de l’autre.

Parole

Troubles de la parole

La parole est la capacité à articuler les sons, et à les enchaîner pour produire des syllabes, des mots et des phrases afin de communiquer sa pensée.

Les difficultés et troubles qui lui sont associés touchent :

  1. la planification et la programmation des mouvements articulatoires nécessaires à la production des sons et à leur enchaînement en syllabes et en mots. La parole devient imprécise et/ou monotone (troubles des sons de la parole, dysarthries, dyspraxie verbale) ;
  2. l’élocution qui peut être hachée ou entrecoupée de pauses inappropriées. La parole est alors caractérisée par des blocages silencieux, des prolongations et/ou des répétitions qui nuisent à la fluidité (bégaiement) ;
  3. la voix, suite à une lésion sur les cordes vocales, une anomalie des mouvements des cordes vocales due à un défaut de contrôle des muscles responsables de leur accolement, ou une anomalie de la muqueuse. La voix devient alors soufflée, rauque, faible, forcée (dysphonies), nasillarde ou « enrhumée » (troubles de la résonance ; dysfonctions vélo-pharyngées).

Langage

Troubles du langage

Le langage est cette « faculté spécifiquement humaine d’exprimer des pensées nouvelles et de comprendre des expressions de pensées nouvelles » (Chomsky, 1967). En d’autres termes, on définit le langage comme la capacité à mettre sa pensée en mots et en phrases pour véhiculer une idée ou un message et, réciproquement, comme la capacité à interpréter les messages transmis, à l’oral comme à l’écrit.

La spécificité du langage humain, par opposition à la communication animale, est de permettre la création et la compréhension d’une infinité d’énoncés. La « double articulation » permet en effet de combiner les unités sonores (phonèmes, syllabes) en unités de sens (morphèmes, mots) qui, elles-mêmes combinées, permettent de créer et comprendre une infinité d’énoncés, oraux ou écrits.

Lorsqu’un patient éprouve des difficultés à associer les sons en syllabes, les syllabes en morphèmes ou en mots, et à utiliser ces unités de sens pour exprimer ses pensées ou comprendre les messages qui lui sont adressés, on parle de difficultés ou de troubles du langage.

Ces troubles peuvent être :

  • d’origine développementale (TDL, dysphasie, dyslexie*, dysorthographie* sans condition biomédicale connue),
  • acquises (aphasies, alexie, suite à une atteinte neurologique),
  • associés à des atteintes plus globales et plus complexes (troubles du langage avec une condition de différenciation associée).

Ils peuvent co-exister avec d’autres atteintes cognitives (ex. TDA/H), sensori-motrices (dyspraxies) ou comportementales (troubles émotionnels et comportementaux).
Ils peuvent toucher une ou plusieurs composantes langagières (phonologie, syntaxe, sémantique, pragmatique, discours, apprentissage verbal et mémoire, lecture, orthographe).

* Concernant les troubles du langage écrit chez l’enfant et l’adolescent, on parle communément de trouble des apprentissages avec déficit en lecture (dyslexie) et de trouble des apprentissages avec déficit en orthographe (dysorthographie).  

Cognition numérique

Troubles de la cognition numérique

La cognition numérique décrit les processus utilisés pour appréhender, représenter et manipuler des informations numériques (traduit de Sella, Hartwright & Roi Cohen Kadosh, 2018).

La cognition mathématique est une branche de la cognition numérique qui est spécifiquement liée aux savoirs mathématiques, aux opérations mentales qui sous-tendent le traitement des nombres et la réalisation des opérations numériques, en lien ou non avec les apprentissages scolaires*.

Lorsqu’un patient peine à maîtriser les codes numériques (par ex., lire et écrire les nombres), à réaliser des calculs simples de manière fluide, à stocker les associations calcul-réponse (faits arithmétiques) et les règles et procédures de calcul en mémoire à long terme, ou qu’il est en difficulté pour résoudre un problème verbal en mathématique, on parle de difficulté d’apprentissage en mathématiques (DAM) ou de troubles de la cognition numérique.

Ces troubles peuvent être d’origine:
  • développementale (dyscalculie développementale)
  • acquise (acalculies découlant d’une atteinte neurologique)
Ils peuvent être dus à un déficit spécifique au niveau d’un processus numérique de base ou associés à d’autres processus cognitifs généraux (langage, mémoire, fonctions exécutives, raisonnement, traitement visuo-spatial).

* Le recours au comptage verbal, par exemple, est indépendant de l’existence d’un système scolaire et présent quelle que soit la culture ( Baroody et Ginsburg, 1986).

Fonctions
oro-myo-faciales

Troubles des fonctions
oro-myo-faciales

La déglutition est l’action d’avaler sa salive, les liquides et les solides. Elle est en lien avec d’autres capacités comme la respiration nasale, la mastication et la digestion. Elle nécessite un contrôle fin des muscles du visage, de la bouche ou encore de la gorge (mobilité et coordination de la langue, des joues, des lèvres et du voile du palais).

Lorsqu’un patient éprouve des difficultés de succion, de déglutition, de gestion du bol alimentaire, ou de positionnement de la langue cela peut impacter la déglutition.

On peut retrouver selon les manifestations ; des troubles de l’oralité alimentaire qui lorsqu’ils concernent les enfants sont nommés troubles alimentaires pédiatriques, des troubles de la déglutition (dysphagie) ou des troubles oro-myo-fonctionnels qui peuvent impacter l’articulation, la respiration ou la denture.

Ces troubles peuvent survenir à tout âge et être plus ou moins sévères selon la pathologie ou la dysfonction.

On peut les retrouver par exemple dans le cadre d’un trouble de l’articulation, d’un traitement orthodontique, de difficultés d’intégration neuro-sensorielle, d’atteintes neurologique, ORL ou aéro-digestive.

La prise en soin de ces troubles nécessitera selon la problématique un travail en lien avec d’autres professionnels de santé comme les dentiste, orthodontiste, pneumologue, gastro-entérologue, ORL, phoniatre et neurologue.

Logopédiste

Nos missions

Prévenir et dépister
Évaluer et diagnostiquer
Informer, conseiller, accompagner, orienter et traiter et/ou maintenir (prise en soin)
Travailler au besoin en collaboration, en réseau pluridisciplinaire

Rendez-vous avec un logopédiste

Déroulement du rendez-vous

Première approche

Le logopédiste va d’abord questionner le patient et/ou ses proches, l’objectif étant de préciser les plaintes/inquiétudes qu’il rencontre dans sa vie quotidienne.

Anamnèse

Le professionnel réalisera ensuite l’anamnèse (antécédents médicaux familiaux, personnels, histoire du développement etc…) pour mieux comprendre dans quel contexte s’inscrivent les difficultés, pour déterminer si la poursuite du bilan logopédique est opportune, ou s’il est préférable d’orienter vers un autre spécialiste (par ex. neuropsychologue, ORL, psychologue, ergothérapeute, orthoptiste, etc…).

Planification rdv

De cette analyse précise des données anamnestiques découlera la planification de rendez-vous dédiés au bilan logopédique à proprement parler. Le principal objectif sera d’évaluer les capacités du patient par des tâches spécifiques, la plupart du temps normées et validées, afin de déterminer si les difficultés rencontrées nécessitent une prise en charge thérapeutique spécifique.

A l'issue de ce bilan complet

> Une restitution sera faite et explicitée au patient et/ou à ses proches ; 

> Différentes propositions thérapeutiques seront discutées en lien avec les données scientifiques quant à leur efficacité et leurs conditions de réussite, les valeurs et préférences du patient et le contexte d’exercice clinique ;

> La mise en place d’un suivi sera décidée conjointement en fonction des choix opérés. 

Logopédiste

Formation continue

Comme tout spécialiste, le logopédiste doit constamment se former et actualiser ses connaissances théoriques et pratiques et ce tout au long de sa carrière. Cette mise à jour régulière est d’autant plus indispensable que la pratique logopédique se situe au carrefour de nombreuses disciplines en constante évolution (neurosciences, psychologie, médecine…).

L’offre de formation en lien avec la logopédie/l’orthophonie, le soin, les sciences cognitives et humaines est vaste, et les partenariats locaux et internationaux sont multiples (universités locales et internationales, organismes privés, associations professionnelles locales et internationales).

Cadre de travail

Chaque logopédiste indépendant est libre d’exercer avec les techniques thérapeutiques qui lui semblent utiles et adaptées à la problématique du patient, pour autant que sa pratique garantisse un cadre de travail propice au respect de la confidentialité, de l’éthique professionnelle et des principes déontologiques. 

L’utilisation du genre masculin a été adoptée sur l’ensemble du site internet afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire.